Avec le froid qui arrive au Québec, l’itinérance sera à la une comme à aucun autre moment dans l’année. Plusieurs personnes demanderont des solutions concrètes et durables pour éviter des situations inhumaines, pour éviter le pire. C’est pour empêcher que la rue ne devienne la seule issue pour trop de gens que des organismes communautaires oeuvrent sur le terrain.
L’immobilisme du gouvernement à l’endroit des organismes communautaires doit cesser ! Nous ne sommes pas une dépense pour l’État, nous sommes un investissement. Nous répondons directement aux populations les plus vulnérables, celles oubliées, celles qui sont ignorées. Il est plus que temps que ça change.
En 2024, c’est un maigre neuf millions de dollars de rehaussement que les 3000 organismes communautaires en santé et services sociaux ont eu. Ce montant est ridicule. Il ne permet pas d’affronter l’explosion des coûts ni ne reflète la complexité des services que ces organismes offrent à ceux qui en ont besoin. Ces sommes, pour des maisons d’hébergement communautaire jeunesse, ne représentent presque rien.
Les Auberges du coeur du Québec sont des ressources d’hébergement jeunesse 24/7 essentielles pour les jeunes de 12 à 35 ans en situation d’itinérance ou à risque de le devenir. Elles jouent un rôle majeur dans la prévention de l’itinérance en offrant un toit, du soutien et de l’espoir à ces jeunes. Annuellement, ces ressources en accueillent et en soutiennent près de 4500. Ce nombre pourrait être bien plus grand, car les Auberges du coeur ont dû refuser plus de 6000 demandes d’hébergement en raison du manque de place disponible.
En pleine crise du logement et de l’itinérance, 18 % des lits des Auberges du coeur ont été fermés temporairement l’an passé. Pourquoi ? Parce que le sous-financement chronique empêche une offre de conditions de travail décentes. Les travailleuses et les travailleurs du communautaire méritent mieux, de même que les jeunes accompagnés.
Pourtant, la reconnaissance de notre travail ne se reflète pas dans le financement reçu. Il ne couvre même pas 50 % de nos besoins réels. Pour les 32 Auberges du coeur, qui gèrent 34 maisons d’hébergement, le manque à gagner annuel dépasse les 28 millions de dollars.
Comme l’arrivée de l’hiver, la mise à jour économique du Québec se fera bientôt. Ce pourrait être l’occasion pour ce gouvernement d’envoyer un message fort aux organismes communautaires autonomes jeunesse afin de valoriser leur apport au filet social d’ici.
Si le ministère de la Santé et des Services sociaux arrive à injecter des millions pour l’ouverture de ressources du côté de son réseau, comment se fait-il qu’il soit si peu présent lorsqu’il s’agit des Auberges du coeur ?
Nous en avons assez des paroles creuses. Nous exigeons un investissement majeur et immédiat pour les ressources communautaires d’hébergement jeunesse. Nous demandons aussi qu’il soit récurrent, année après année, pour permettre un accompagnement à la hauteur des besoins des jeunes en difficulté dans notre société. Votre engagement, Monsieur le Premier Ministre, montrera clairement la place que vous accordez à ces jeunes.
Rappelons-le : nous ne sommes pas une charge budgétaire. Nous faisons partie de la solution pour une société plus juste et solidaire. Nous sommes un moteur de changement !